Jean-Baptiste LYSLAND
Jean-Baptiste Lysland (1954–2008). Nul mieux déchiré par ce “cri de l’oubli” que Jean-Baptiste Lysland, poète d’un combat qu’il savait aussi vain qu’essentiel aux frontières de l’effacement et de l’absence. Les mots qu’il écrivait, quelque lumière qu’il nous en parvienne, semblent, au seul gré du poète, garder leur opacité ; ils jalonnent pourtant le passage d’une Mémoire à travers les blancheurs silencieuses du temps. Et ce qui, malgré tout, sera transmis, ce qui est adoré au cœur profond d’un Éros douloureux, c’est la fusion inachevée de «chacun» en «personne» – vertige décisif de la perte. L’émouvant poème ici replacé sous les regards (Poème sur un nom perdu dans l’ombre des mots) nous semble l’un des plus beaux d’une œuvre que l’on pourrait elle même qualifier de rare : entendons par là non seulement moins diffusée que bien d’autres, mais surtout portant une manne aux seuls vigilants, et donc parole précieuse. À cette page ne devait s’ajouter aucun élément biographique : on respectait le vœu de retrait d’un poète, créateur aussi de son magnifique pseudonyme. Toutefois la mort venue, si prématurée, dans l’été 2008, tient quitte du souci de discrétion. Notre hommage est donc rendu aussi, par delà le poète Lysland, à celui qu’il prenait soin de masquer: le célèbre éditeur-typographe Thierry Bouchard qui produisit tant de livres admirables. Jean-Baptiste Lysland a notamment publié : Treize poèmes du fleuve et du passage (Thierry Bouchard, 1979), Orient de la mémoire (Le Dé bleu, 1980), Le Visage intérieur (Brandes, 1980), Poème trouvé au bord du Tibre (Thierry Bouchard, 1984), Quatre poèmes dans l’arrière-saison de l’oubli (Thierry Bouchard, 1989), Des icônes secrètes (Hautécriture, 1990), Poème sur un nom perdu dans l’ombre des mots (Thierry Bouchard, 1991), Prologue à un livre brûlé (Thierry Bouchard, 1995). Le poème que nous reproduisons avait déjà figuré au sommaire de la revue La Sape, n° 42, mars 1996, précédé d’une étude de Manuel Cajal.
Paul FARELLIER
(Revue Les Hommes sans Épaules).
Publié(e) dans la revue Les Hommes sans épaules
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